J’ai commencé la saison 2018 par le 70.3 de Mont Tremblant. Mes attentes étaient pas mal élevées. J’avais réussi cette même compétition à l’été 2017 avec un temps de 5h52 et une seizième place. Étant très compétitive de nature et avec un long entraînement durant tout l’hiver, j’espérais faire un PB et un top 10… Oh que je me suis trompée! J’ai été déçue par ma performance.
Retour à l'entraînement avec une motivation à 110%
Je me suis vite remise à l’entraînement en prévision de ma prochaine course de l’année qui allait se tenir à Old Orchard, Maine. Tout était en place pour faire une super course. J’ai commencé par une nage très rapide, suivi d’une bonne transition, puis un solide début de vélo… jusqu’à ma chute! Erreur d’une fille trop crinquée qui ne veut pas perdre une seconde au point d’eau. Je termine quand même mon étape de vélo avec un temps pas si mal, mais impossible de courir. Me voilà avec un DNF.
Durant l’été, mes amis Nathalie et Jean me parlent d’un voyage qu’ils feront en Malaisie en novembre où ils participeront au 70.3 et au Ironman. Pourquoi ne viendriez-vous pas avec nous?...
N.B. : Ne jamais nous inviter si on n’est pas sincère… On dit toujours oui! Et C’est en discutant avec mon ami Pascal que je décide de m’inscrire à un dernier 70.3 pour terminer la saison. Mais juste par plaisir… Sans trop d’attentes... ; )
Compétitrice un jour, compétitrice toujours !
Ha Ha Ha… Moi, Marie-Anne, faire une compétition sans attentes… Impossible. Je suis née compétitive et ça ne me quitte pas. On recommence l’entraînement avec mon super coach Bart. Puis, j’apprends que dans mon groupe d’âge, nous ne serons que 8 femmes. Faire un podium! Enfin! Ce serait merveilleux! Et me qualifier pour les World à Nice serait la goutte, l’orgasme, le summum! Ce serait mes jeux Olympiques. Ceux que j’ai rêvé faire toute ma vie!!!
Et bien 7 jours avant la course, je pars pour mon baptême en Asie, vers la Malaisie où je participerai à une des course Ironman reconnue comme des plus difficiles au monde, rien de moins. Je savais que ça allait être chaud, mais chaud comme ça, jamais! 32C avec 90% d’humidité. Chaleur ressentie de 40C... Je sue comme jamais. C’est une chaleur qui fait mal, qui est à couper le souffle, à faire cuire un œuf.
Arrive le matin de la course, je me sens super bien !
Je veux gagner ! Mais j’essaie de me résonner et de me dire que de terminer aujourd’hui sera un exploit en soi. J’essaie de me convaincre de tous les commentaires que je reçois : amuse-toi! Hi Hi Hi… M’amuser c’est donner mon 120% !!! Et c’est ce que j’ai fait, tout le long de la course. J’ai poussé la machine au max.
C’est un rolling start et je me place en avant. Il n’y a que deux sections. Je regarde autour de moi et je vois plusieurs casques AWA. Je me dis que c’est bon pour moi…. Le type à côté me regarde et me dit : « You want to go to Nice? » Et aussitôt lui répond avec mon look Eye of the tiger: « OUI ! » Le départ est donné. Ouf! C’est que c’est rapide! Qu’est-ce que je fais là! Mais c’est trop vite! Je reçois un coup de pied au visage. La turbidité de l’eau étant mauvaise, je nage en style water-polo afin d’éviter les autres coups. Je tente de me calmer. Mais rien n’y fait.
Je me retourne et essaie de nager sur le dos pour retrouver mon calme et mon souffle. Il n’y a rien à faire. Je dois m’arrêter. Je fais donc signe au kayakiste et m’agrippe à son bateau. Il me parle doucement. Je reprends mes esprits et me dis : « quel mauvais départ pour une course! ». Après quelques instants, je reprends la nage. Il y a moins de concurrents. Je retrouve ma vitesse de croisière. Ça va mieux et je termine un peu amochée mais ça va.
Arrive la T1, puis en route pour un gros vélo !
Je dois premièrement aller chercher mon sac personnel et me rendre dans la salle réservée aux femmes. Je fais tout ce processus rapidement. Arrivée à mon vélo, je vois que celui à côté du mien manque. Je ne suis donc pas en tête.
Je commence l’étape vélo. Je pousse à fond durant toute l’épreuve. On a eu droit à un cocktail de météo; pluie, vent, soleil, routes très glissantes. Des voitures partagent la route, plusieurs compétiteurs ont chutés. Pas mal de côtes, 800m de dénivelé, des virages serrés, des relances, des singes! Il faut être prudent. On traverse des petits villages où les enfants nous encouragent. Et les paysages sont magnifiques !
T2 se déroule sans faute. À part le type qui a planté devant moi en débarquant de son vélo. J’ai dû l’éviter avec les pieds sortis de mes chaussures. Plus de peur que de mal.
Début de la course de l’enfer
Vraiment trop trop chaud pour moi ! Je décide donc de faire une pause à chaque point d’eau. Je me prends pour Lange à Kona ! (pour ceux qui n'ont pas vu ça regardez le gif ci-dessous ! ;)) Les bénévoles me regardent bouche bée. Je prends tout ce qu’ils offrent et utilise tous les moyens pour me refroidir. C’était hilarant. Je pousse le plus possible entre chaque étape. Je ne sais pas où sont les autres filles de mon AG. Je sais que c’est à la course que ça se décide. C’est maintenant que tout se joue! Jusqu’à ce que je croise mon amoureux.
C’est au troisième kilomètre avant la fin que Pierre m’annonce que ma troisième position est assurée et que les deux premières femmes de mon AG sont hors d’atteinte.
Je cours les derniers kilomètres en pleurant de joie, en souriant à tous les spectateurs en leur criant : « je suis troisième! Je fais le podium!! » Et les malaisiens, qui sont si gentils, me regardent en retour en me faisant des thumbs-up et en me félicitant. Wow, quel moment magique.
Remise des médailles... et un peu plus !
C’est à la remise des médailles que je rencontre la gagnante néo-zélandaise de mon AG, Michaella Trigg, à qui je demande du tac-au tac : tu vas à Nice? Et qui me répond : « Ah… je ne sais pas. Il me reste quelques minutes pour y penser. On verra ». La numéro deux ne se présente pas pour recevoir son trophée. Espoir.
C’est quand je revois Michaella se diriger vers ma table que je comprends. Elle vient me voir pour me dire qu’elle préfère donner sa place à quelqu’un qui tient beaucoup à aller aux World et qu’elle me cède sa place!!!! C’est là que je me remets à verser des larmes de joie et c’est le cœur très léger que je repars avec les mains pleines d’un trophée, d’une médaille et d’un jeton pour aller encourager mon amie Nathalie qui court toujours en vue de terminer le Ironman le plus fou qu’elle fera de sa vie et qu’elle terminera avec brio dans les bras de la gazelle Jean qui lui, a terminé 4 ième de son AG aujourd’hui.
J’ai vraiment vécu une des plus belles journées de ma vie. Je ne pouvais pas être plus fière et heureuse de ma performance. J’ai pu enfin vivre ce qu’était un podium en triathlon et je peux vous dire qu’on y prend vite goût !!!