Pour ceux qui ne connaissent pas le Canada Man/Woman, c’est un triathlon qui a seulement les distances en commun avec un Ironman standard...
Départ à l’aube dès la première lueur à 4h30am, aucun ravitaillement sur le parcours (tu dois avoir ton équipe de support), 4000m de dénivelé positif au total, un marathon majoritairement en sentiers avec une finale épique : l’ascension du Mont Mégantic.
J’avais décidé de refaire cette course pour la troisième fois pour le parcours intense et magnifique, mais aussi pour finir l’aventure Canadaman sur une bonne note, car j’ai eu une mauvaise journée l’an dernier.
Ma préparation
J’ai eu beaucoup de difficulté à concilier travail et entrainement pour ce genre d’épreuve. J’ai vécu une période creuse en mars/avril alors qu’un voyage de travail, une grosse bronchite et le retour de certaines blessures ont beaucoup ralenti ma progression. Même mon coach m’a fait un speech pour me dire que j’allais peut-être devoir revisiter mes objectifs.
Ça m’a donné une grosse claque dans la face, mais je me suis relevée et mise en « catch up mode » en étant très rigoureuse et en me faisant un camp d’entraînement home made : une semaine dans les montagnes de la Virginie en mode #VanLife. Après 32 heures d’entraînement, j’étais complètement vidée mais j’ai réalisé que j’étais capable d’en prendre.
Avant la course
Étrangement, j’étais assez relax avant la course cette fois-ci. Je savais que le niveau était élevé (Lyne Bessette et quelques triathlètes professionnelles étaient inscrites) alors je réalisais que le podium allait être assez improbable cette année…
Mais mon but était vraiment de donner le meilleur de moi-même, d’améliorer mon temps des deux dernières éditions et surtout d’avoir du FUN. C’est cliché, mais le plaisir est ce que je trouve le plus important dans le sport et c’est si facile à oublier/mettre de côté.
Départ de natation à l’aurore (4h30), toujours aussi épique
J’avais hâte à ce moment et c’est enfin arrivé. GO ! Le départ est un peu chaotique, je me fais embarquer dessus, coup de pieds, j’essaie d’en dépasser quelques-uns… Bref, ça prend au moins 15 minutes avant de trouver une place et un pace confortable. Ça va bien, j’arrive même à drafter pour me reposer un peu !
Je sors de l’eau et je vois 1h12min sur ma montre (5 minutes de moins que l’an passé), trop contente !! Je suis contente de réaliser que j’ai limité les dégâts malgré les nombreux entraînements de nage « chokés ». Et hop je pars donc en vélo avec déjà un mental de feu.
Le vélo et ses 2500m D+ en mode MISSION !
En vélo, ça me prend un bon moment avant de trouver mes jambes (un vrai diesel) mais une fois partie, ça allait vraiment bien et j’étais en mission ! J’y vais toujours « au feeling » lors des courses (ce que je conseille à tout le monde d’ailleurs) et mes feelings étaient assez bons malgré les murs successifs de la belle région de Lac Mégantic.
Au km 130, mon frère m’annonce que je suis 3ième. Ça m’a donné un gros boost et j’ai continué à pousser jusqu’à la fin, même si j’avais peur de m’exploser les jambes et de ne pas être capable de courir un marathon après (j’ai même fait un petit KOM en passant haha).
Le dernier km du vélo, avec la redoutable côte magnétique, est toujours aussi violent. Ils appellent pas ça extrême pour rien hein! Vélo en 6:35, ce qui représente une moyenne d’environ 28 km/h!
Jusqu'au bout de l'effort en haut du Mont Megantic
Je pars à la course accompagnée de mon copain David. J’ai les jambes molles comme du jello et la première section est une grande montée en trail. J’ai hâte de descendre car j’ai les mollets en feu.
Ça se place et je réussis à courir jusqu’au 20ième km jusqu’à ce que je me mette à avoir très mal au genou. Je me dis que bientôt je serai dans le bois et que ça ira mieux. Le dernier bout sur l’asphalte est terrible ! Mon genou me fait mal donc je dois marcher et je me demande si la 4ième femme va me rattraper.
Au 29ième km je rentre enfin dans le sentier et ça va mieux, c’est mon bout préféré, la cerise sur le gâteau ! Je me sens ultra reconnaissante d’avoir David qui court avec moi, ma famille, et une météo parfaite pour cette journée. Je continue à donner ce que je peux jusqu’à l’arrivée.
Je pense alors à mon coach qui avait mis des objectifs de temps par discipline (sans me le dire!!) dans TrainingPeaks et je me dis que je vais y arriver et même faire mieux! Je suis trop heureuse. Je finis donc la course à pied en 5h38min.
Temps total 13h25 : environ 1h de moins que l’an passé
3ème femme overall
1ère AG
28ème overall
Je rêvais d’une journée comme ça depuis quelques temps !
Je me sens extrêmement choyée de pouvoir partager le podium avec une olympienne et une triathlète professionnelle ! Si on m’avait dit ça quand j’ai commencé mes études alors que le seul sport que je faisais, c’était de lever le coude… jamais je n’aurais cru qu’à 32 ans j’aurais terminé un doctorat et fini sur le podium d’un Ironman Extrême pour 3 années consécutives.
Merci !
Je voulais step up my game cette année et mon coach Julien m’a vraiment aidé à le faire avec des gros trainings, des enchainements qui n’ont pas d’allure mais aussi beaucoup de beaux mots et d’encouragements. Un immense merci.
Ça n’aurait pas été possible sans mon super support crew (David, mon frère, ma soeur, ma mère et son conjoint) qui ont été plus que géniaux du début à la fin. Ils ont même aidé mon ami qui avait perdu son support crew. Team work makes the dream work!!
Un gros merci aux partenaires généreux de la Team Elite Bart Coaching pour l’équipement et la nutrition : Argon18, Enve, Skechers, Compressport, Xact Nutrition et Naak.
Après 3 ans, les gens commencent à me connaître à Mégantic (on me surnomme la ptite) et j’ai été très touchée par les encouragements de tout le monde sur le parcours. Juste du gros love <3
Durant ces trois années, j’ai occupé le podium du Canadaman souvent dans l’ombre de grands champions autant chez les hommes que chez les femmes. Ma première expérience fut sous le signe de la découverte, la seconde parsemée d’embûche, et la troisième, qui fut pour moi une course presque parfaite.
Malgré les hauts et les bas, j’ai amélioré mon temps à chaque année, abordant l’épreuve avec le même immense respect et une meilleure préparation à chaque fois. Je suis fière de mes performances, mais encore plus fière de ce que cette aventure m’a apporté comme personne.
Je me tourne vers l’avenir, autant sportif que personnel, avec la certitude de pouvoir réussir tout ce que j’entreprends.